Faux diplôme, faux CV, mensonges sur sa religion et son histoire familiale… Le nouveau membre du congrès des Etats-Unis d’Amérique George Santos s’est fabriqué une vie et un CV pour être élu ! Il est également soupçonné de multiples malversations financières et d’escroquerie. Alors que les appels à la démission se multiplient outre-atlantique, retour sur les mensonges qui ont servi de base à son élection.
Quel parcours revendique George Santos ?
Avant de remporter sa course lors des élections de mi-mandat de novembre, l’homme de 34 ans s’est présenté comme “l’incarnation complète du rêve américain” : Un enfant d’immigrés brésiliens ouvertement gay qui a atteint les échelons supérieurs de Wall Street avant d’entrer dans le monde de la politique.
Selon une biographie publiée sur son site de campagne - qui a depuis été réécrite - M. Santos est un Américain de première génération né dans le quartier new-yorkais du Queens. Ses grands-parents auraient “fui les persécutions juives en Ukraine” avant de s’installer au Brésil. Ses parents, nés au Brésil, ont finalement immigré aux États-Unis “à la recherche du rêve américain”.
M. Santos a également affirmé avoir fait ses études au Baruch-college de New York avant de devenir un “financier et investisseur chevronné de Wall Street” ayant travaillé dans des sociétés prestigieuses telles que Goldman Sachs et Citigroup.
En outre, M. Santos a également affirmé que sa mère était “dans son bureau dans la tour sud” du World Trade Center le 11 septembre. En octobre dernier, le site web de sa campagne affirmait encore qu’elle avait survécu à l’attaque, mais qu’elle était décédée plusieurs années plus tard.
La réalité est toute autre.
Capture d’écran tirée du site de campagne de George Santos
Il n’a pas fréquenté l’école prestigieuse revendiquée sur son CV
Lors d’une campagne précédente, Santos a affirmé avoir fréquenté l’école d’élite “Horace Mann preparatory school” sans pouvoir en être diplômé en raison de difficultés financières pour sa famille l’ayant obligé à quitter l’établissement. Mais l’école a déclaré à CNN avoir cherché dans les dossiers n’avoir trouvé aucune preuve que George Santos ait fréquenté Horace Mann.
Il n’est pas titulaire des diplômes qu’il revendique
Dans un profil biographique publié l’année dernière sur le site du Republican National Congressional Committee, George Santos affirme avoir fréquenté le Baruch College et la NYU, où il aurait obtenu des diplômes en finance et en économie.
Mais après que le New York Times a rapporté que ni l’une ni l’autre de ces écoles ne pouvait trouver son nom dans leurs dossiers, Santos a avoué au Post.
“Je n’ai pas obtenu de diplôme d’un établissement d’enseignement supérieur. Je suis embarrassé et désolé d’avoir embelli mon CV”, a-t-il déclaré.
Santos n’est visiblement pas diplômé de la New York University
Il n’a pas travaillé pour CitiGroup et Goldman Sachs
Santos a affirmé que son premier emploi après l’université était chez Citigroup, où il a gravi les échelons jusqu’à devenir gestionnaire d’actifs associé dans la division immobilière. Il a également déclaré avoir travaillé brièvement chez Goldman Sachs.
Les deux sociétés financières ont déclaré au Times qu’elles ne pouvaient pas confirmer ses déclarations d’emploi, une porte-parole de Citi ayant fait remarquer que la société avait vendu ses activités de gestion d’actifs en 2005.
Il est intéressant de constater ici que les medias ont effectué une mission de background check comparable à celle que mènent les sociétés de vérifications pré-embauche telles qu’EveryCheck !
Il n’est pas un “fier juif américain” dont les grands-parents ont échappé à l’Holocauste.
Dans une vidéo diffusée en 2021 pour lancer sa campagne, M. Santos a déclaré : “J’ai vu comment le socialisme détruit la vie des gens parce que mes grands-parents ont survécu à l’Holocauste.”
Il a ensuite développé cette affirmation, déclarant à Fox News en février que son grand-père maternel a migré “à la fin des années 20” de l’Ukraine vers la Belgique, “où il a rencontré ma grand-mère”.
M. Santos, qui a déclaré sur son site Web de campagne que sa mère était juive, s’est également qualifié de “fier juif américain” affirmant s’être rendu à de nombreuses reprises en Israêl, sans que ces voyages n’aient jamais pu être confirmés.
Le média The Forward a finalement révélé que les grands-parents maternels de Santos étaient tous deux nés au Brésil avant la prise du pouvoir par les nazis en Allemagne et que sa défunte mère publiait régulièrement des images catholiques sur les médias sociaux et suivait plusieurs comptes sur le catholicisme.
Devant ces incohérences, Santos a finalement déclaré que ses liens avec le judaïsme étaient basés sur les récits que sa grand-mère racontait sur le fait qu’elle était juive avant de se convertir au catholicisme.
“Je n’ai jamais prétendu être juif”, a déclaré Santos. “Je suis catholique. Parce que j’ai appris que ma famille maternelle avait des origines juives, j’ai dit que j’étais ‘juif’.”
George Santos a avoué une partie de ses mensonges
Sa mère n’est (probablement) pas morte suite aux attentats du 11 septembre
Sur son site Internet de campagne, M. Santos affirme que sa mère, était “partie de rien, a gravi les échelons pour devenir la première femme cadre d’une grande institution financière”.
“La mère de George était dans son bureau dans la tour sud le 11 septembre 2001, lorsque les événements horribles de cette journée se sont déroulés. Elle a survécu aux événements tragiques du 11 septembre, mais elle est décédée quelques années plus tard lorsqu’elle a perdu son combat contre le cancer”, indique le site web.
La mère de Sabtos est décédée le 23 décembre 2016, selon une notice nécrologique qui ne fait aucune mention de sa carrière. Le New York Times a toutefois rapporté que la mère de Santos travaillait comme femme de ménage.
Une série d’autres mensonges et des soupçons de délinquance
Santos s’est également rendu coupable de plusieurs mensonges et approximations sur sa vie personnelle. Il a revendiqué avoir été l’employeur de 4 des 49 victimes de l’attentat homophobe du Pulse Nightclub d’Orlando en 2016.
Mais aucune des 49 personnes tuées au Pulse ne travaillait dans l’une des entreprises identifiées dans le curriculum vitae largement inventé de Santos, selon un examen de la couverture médiatique et des nécrologies des victimes effectué par le Times.
Santos a également revendiqué avoir fondé et financé une association de sauvetage d’animaux, et être propriétaire de 13 résidences. Tous ces éléments sont apparus comme faux suite aux vérifications conduites par des medias américains.
A noter que Santos est également au coeur d’un incident survenu en 2008 au brésil au cours duquel il aurait volé le chéquier d’un homme pour lequel sa mère travaillait comme infirmière.
Les procureurs brésiliens ont déclaré au Times, lundi, que les autorités prévoyaient de relancer l’affaire et de demander au ministère américain de la justice de lui notifier officiellement que les charges seront poursuivies, qu’il comparaisse ou non devant le tribunal.
George Santos va-t-il garder sa place au congrès ?
Que va-t-il se passer pour George Santos ?
L’affaire Santos prend sans cesse un peu plus d’ampleur. Les démocrates appellent à sa démission, surtout depuis l’émergence de détails douteux sur ses comptes de campagne. Notamment 40 000 dollars de dépenses de billets d’avion et un potentiel payement du loyer de son appartement avec les fonds dévolus à sa campagne. Mercredi 28 décembre, Anne Donnelly, procureure de l’État de New York, a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les « inventions tout simplement stupéfiantes » de l’élu.
Dans un pays aussi à cheval sur la valeur de la vérité que les USA, on peut se demander ce qu’il adviendra de Georges Santos, et s’il pourra conserver son poste au congrès encore très longtemps.
Une nouvelle illustration, s’il en fallait, qu’il est indispensable de vérifier les CV et les diplômes, tant il est facile d’accéder à tout type de fonction en s’inventant un parcours !
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Et nous, qu’aurions-nous pu vérifier ?
Voici une inforgraphie de ce que nous aurions pu vérifier ou non sur le CV de George Santos.
Sources :
- Who is George Santos and why is he in trouble? (BBC News)
- Keeping track of all of NY Rep.-elect George Santos’ lies, from his education to charity falsehoods (New York Post)
- The talented Mr. Santos: A congressman-elect’s unraveling web of deception (Washington Post)
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